La fin de l’été arrive, nous allons cesser d’aller à la Bonde.
L’étang de la Bonde est une grande pièce d’eau au centre du Pays d’Aigues. C’est le centre de loisir de la région. On vient de partout profiter de la fraicheur de l’eau.

Les nageurs plongent dans l’eau, ils nagent, éventuellement ils traversent le lac. C’est un moment spécial quand vous commencez à vous baigner. Devant vous, vous voyez le Luberon, les pins d’Alep de la berge, la falaise de calcaire au nord. Pas trace d’activité humaine, à part la digue qui borde l’étang au sud et le clocher du château. Avec vous, nagent les colverts, les poules d’eau, les foulques. Parfois vous apercevez un héron, ou vous voyez une carpe ou un brochet qui remontent à la surface. Nagez dans l’étang de la Bonde, c’est une expérience rare de plonger dans la nature, de revenir à l’origine du monde.

Si vous vous retournez, vous voyez les restaurants et le camping. La Bonde est aussi un lieu de loisirs « populaires ». Le mot est souvent dit avec condescendance.

Après une semaine de travail acharné, nous avons bien le droit de nous reposer, de nous vider la tête. Cet espace est celui de l’éphémère, du changeant, de notre goût pour la nouveauté.

Les pédalos d’antan ont été remplacés par les paddles et les canots gonflables. Le camping s’est étendu, les tentes ont été remplacées par des bungalows. Les boulistes sont moins nombreux. Parfois un concert donne une couleur culturelle à tout cela.
Un jour la pizzeria et le bar sont apparus. Les amateurs pouvaient manger des pizzas bien grasses de fromage fondu, qu’ils partageaient à plusieurs. Il fallait les commander, puis le cuisinier appelait le prénom qu’avait donné le client « Thierry », « René », « Dédé ». Nous allions chercher les pizzas, les couverts et nous revenions les bras chargés, en évitant de nous bruler. La pizzeria a élargi son offre, proposant des salades, des burgers, et même un temps des plats provençaux, la daube, les pieds-paquets. Mais elle gardait toujours le crieur. Les pizzas sont toujours là, les baigneurs sont toujours aussi nombreux à se presser pour commander. Les tables en plastique vert ont été remplacées par des tables et des bancs en bois. Le crieur a été remplacé par un buzzeur que la serveuse donne au moment de la commande et qui sonne lorsque le plat est prêt. Le folklore y a perdu mais le crieur sera moins enroué.
Nous reviendrons l’été prochain à l’étang de la Bonde.

C’est une bien jolie et intéressante évocation du lieu !
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