Ganagobie se mérite. Il faut monter une longue route en lacet. Puis arrivé sur un plateau qui domine la vallée de la Durance, le marcheur prend une petite route vers l’entrée de l’abbaye. Et enfin, au bout d’une allée d’amandiers, vous découvrez le porche de l’église.
Ses voussures polylobées surprennent. Certains y ont vu un ensemble décoratif inspiré des architectures arabo-musulmanes. Je préfère la version de frère Régis Blanchard qui y voit une représentation réaliste[1].
Le porche est à l’est, du côté du soleil levant. Les lobes représentent les nuages qui s’écartent, le ciel qui s’ouvre. Au milieu du tympan, apparait le Christ en gloire, installé dans sa mandorle, avec le soleil par-dessus son épaule gauche.
Sous le Christ, apparait le peuple de Dieu représenté par les douze apôtres que l’on reconnait grâce à Saint Pierre et sa clé. Entre le Christ et le peuple, on voit le tétramorphe, les quatre animaux représentant les quatre évangélistes, l’homme de Mathieu, le lion de Marc, le taureau de Luc et l’aigle de Jean. Ils portent le message de Dieu, leur visage tourné vers le Christ.
Ce porche vous annonce que si vous franchissez la porte, vous entrez dans un monde nouveau. L’église se confond avec l’assemblée des chrétiens, l’ekklesia, en grec. Cette assemblée, en entrant dans ce lieu échappe aux pesanteurs du monde normal, empli de péchés, de tentations sataniques qui vous poussent vers l’enfer. Dans la pénombre du bâtiment, vous voyez la lumière rouge du tabernacle, signalant qu’il contient les hosties consacrées, devenues la chair du christ grâce à la transsubstantiation provoquée par la cérémonie de l’eucharistie.
C’est cela que signifie ce porche, grâce à une symbolique très simple et efficace.








[1] Frère Régis Blanchard moine bénédictin de Ganagobie : étude sur la signification du portail de l’église et de la mosaïque (Monastère de Ganagobie 1995)

Bonjour Tieri et merci pour cette belle reprise de la chronique!AmitiésG
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