A Pertuis, face à la rue de la Dévalade qui descend vers le cours d’eau de l’Eze se trouve le lavoir des Poux. Il a été construit en 1882, encastré dans le rempart. Marie-Thérèse Fouilhé[1] propose deux explications à cette appellation curieuse. La première, traditionnelle, est qu’il y avait beaucoup de poux à cause de l’abreuvoir à chevaux qui se trouve à coté, la seconde est que ce lavoir avait une porte, faite de planches de bois, des « paulx » , devenu « pevou » (poux) par approximations successives.
Mais pourquoi y avait-il autant de poux, de puces, et autres parasites que cette appellation ne choque personne et fini par s’imposer, et remplacer le nom originel du lavoir, le lavoir Notre-Dame.
Frédérique Audouin-Rouzeau[2] l’explique par les conceptions médicales des Temps Modernes.
D’abord il y avait la théorie de la « pestilescence ». Faute d’autres explications, l’idée régnait que la peste flottait dans l’atmosphère. Si l’on se plongeait dans l’eau chaude, on ouvrait les pores de la peau, créant des brèches par lesquelles la maladie pouvait entrer.
Ensuite, il y avait l’idée de la génération spontanée. Poux, puces et vermines venaient de l’intérieur du corps « le discours des hygiénistes par exemple n’imagine dans la prolifération de cette faune parasitaire qu’un excès d’humeurs corporelles. Poux et puces naissent de transpirations mal maîtrisées. Ce sont les substances humaines dégradées qui leur donnent vie. » (G.Vigarello, cité par Audouin-Rouzeau). Il était donc inutile de les nettoyer, puisqu’ils revenaient.
Le XVII et le XVIIIe sont les siècles du début de la science, ceux de Galilée et Newton. Mais ils sont aussi ceux où sans doute on se lavait le moins. Le corps grattait, irritait, mais surtout on ne le trempait pas dans l’eau. Pour limiter les démangeaisons, on finit à partir de la deuxième moitié du XVIIe, par changer régulièrement de chemise. Le vêtement devenait lavant, son frottement retirant un peu les parasites. Cela limitait la vermine, sans que l’eau touche la peau. Il faut attendre la deuxième moitié du XIXe. du fait de l’amélioration des conceptions de l’hygiène, pour que les villes occidentales se couvrent de lavoirs, de fontaine et de bains publics. Il faudra attendre encore un peu plus pour que l’eau arrive à tous les étages des maisons.

[1] Marie Thérèse Fouilhé : A traves ses rues Pertuis se raconte (Armelin ; 2010)
[2] Frédérique Audoin-Rouzeau : Les chemins de la peste: Le rat, la puce et l’homme (Presses Universitaires de Rennes ; 2015)